Dès leur plus jeune âge, les enfants sont exposés à une multitude de stéréotypes de genre qui influencent profondément leur développement et leur perception d’eux-mêmes. Les jouets, les vêtements, les compliments et même les activités sportives sont encore fortement genrés : poupées pour les filles, camions pour les garçons ; douceur et beauté contre force et bravoure. Ce conditionnement invisible façonne les choix, l’estime de soi et les rôles sociaux dès la petite enfance.

Dans cette société marquée par les normes genrées, Claire et Aurore, deux jeunes mamans engagées, ont fait un choix audacieux : celui d’une éducation non genrée. En élevant leur enfant sans lui attribuer de genre prédéfini, elles ouvrent la voie à une parentalité inclusive, respectueuse de l’auto-détermination. Leur démarche interroge nos habitudes culturelles et propose un nouveau modèle éducatif.

Un choix de société avant tout

Pour Claire et Aurore, ce choix résulte d’une réflexion nourrie par des lectures sociologiques et un engagement militant. Claire, passionnée par la théorie du genre, s’est plongée dans des ouvrages qui analysent l’impact des normes sociales. Aurore, quant à elle, milite depuis plusieurs années pour une société plus équitable.

« En attribuant un genre à un enfant, on pose déjà un cadre qui peut restreindre son épanouissement », explique Aurore. Elles souhaitent laisser à leur enfant la liberté de se découvrir et de s’affirmer, loin des pressions et des attentes culturelles traditionnelles.

Elles dénoncent les inégalités subtiles dès le plus jeune âge : un garçon est encouragé à être actif, bruyant, physique. Une fille, elle, est valorisée pour sa beauté, son calme ou sa délicatesse. « On applaudit le garçon pour son courage et la fille pour son apparence », précise Claire. Ces mécanismes renforcent des stéréotypes profondément ancrés.

Des réactions variées de l'entourage

Leur démarche suscite des réactions diverses. Dans leur cercle d’amis majoritairement queer, leur choix est salué comme une avancée vers plus de liberté. « Beaucoup nous disent que notre enfant a de la chance d’évoluer dans un environnement sans pression genrée », confie Claire.

En revanche, du côté familial, les choses sont plus nuancées. « La différence de génération rend parfois le dialogue difficile », admet Aurore. Malgré cela, la plupart des proches s’adaptent, parfois en utilisant leurs propres repères pour s’adresser à l’enfant.

Les défis du quotidien : une administration genrée et des choix à faire

Ce choix d’éducation non-sexiste s’accompagne de contraintes pratiques. De l’état civil aux vêtements, la société fonctionne encore largement sur une base binaire homme/femme.

« Pour les vêtements, ce n’est pas un frein. On choisit librement, qu’il s’agisse d’une robe ou d’un short bleu marine », expliquent-elles. Leur approche se veut fluide, sans restriction. Le plus difficile reste l’administration, où la mention du sexe est obligatoire, tout comme à l’école.

L’avenir : défis scolaires et liberté de genre

Claire et Aurore sont lucides : à mesure que leur enfant grandira, d’autres défis émergeront, notamment dans les institutions éducatives. « Nous redoutons que le système scolaire peine à comprendre une identité non-binaire ou changeante », reconnaissent-elles.

Mais elles restent confiantes : « Notre enfant pourra choisir son genre à son rythme, et nous serons là pour l’accompagner ».

Une philosophie éducative fondée sur l’auto-détermination

Au cœur de cette démarche se trouve l’idée que l’enfant est le mieux placé pour définir qui il ou elle est. En refusant d’imposer une identité de genre, Claire et Aurore militent pour une éducation où l’on suit l’enfant plutôt que de le guider dans une direction prédéfinie.

Un engagement porteur d’espoir

Leur projet éducatif ouvre la voie à une nouvelle réflexion sur le genre dans notre société. « Ce choix n’est peut-être pas définitif, mais il participe à faire évoluer les mentalités », concluent-elles.